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chroniques marocaines

27 août 2007

le retour au bled entre nostalgie et amertume

le scénario du voyage est inchangé depuis des années, il le connait par coeur, il le pratique quasiment à chaque vacances d'été. Préparer les valises à l'avance, particulièrement celles contenant chemises, tee-shirt, parfums et gadgets achetés durant la période des soldes, autant de cadeaux pour les cousins, cousines, voisins, voisines sans oublier le café et le thé vert pour les oncles et tantes...

Dès le mois d'avril, la nostalgie du bled se réveille avec les premiers rayons du soleil qui transpercent le ciel gris des cités européennes. Il croit parfois sentir les odeurs d'encens, le parfum du melon, des fois il a l'impression que la poussière du pays chatouille ses narines, il se remémore les longues soirées familiales à palabres dans la chaleur moite de l'été marocain. Il a hâte d'aller se ressourcer, revoir les anciens.

A l'arrivée au Bled, les salamalek sont éprouvants, ils peuvent durer jusqu'à 3 jours, les membres de la famille défilent, la tante tamo, la tante fatouma, l'oncle allal, le cousin mimoun, la cousine albahia, le voison de droite, celui de gauche... Il finit le pauvre par avoir le tournis au bout du 3ème jour.

Il dort très peu, la maison est bondée, difficile de faire la sièste pendant la journée, certains invités qu'ils surnomment "lassaqa" (la colle) tombent soudain malades. Apparement, c'est durant les mois de juillet et août que la santé des Marocains est la plus vulnérable, il faut les emmener chez le médecin, leur acheter des médicaments.

Il cherche à se reposer, il songe à quitter la région, trouver des endroits isolés ou il trouvera la sérénité pour bien destresser. Affaire compliquée, il faut négocier, "hchouma, ça ne se fait pas !"... Difficile de faire une escapade en solitaire sur les hateurs où au bord d'une plage déserte (elles sont de plus en plus rares), il faut ramener les petits de la famille et si possible ceux des voisins aussi.

Après quelques jours, il a enfin trouvé du répis, la maison s'est vidée des invités "lassaqa", il veut enfin profiter d'une sièste. Impossible de fermer l'oeil, ou plutôt l'oreille, le bruit de la scierie du menuiser installé dans la rue, les mégaphones des cafés et des boutiques sont lâchés au maximum, on dirait qu'ils participent à un concours à qui fait le premier exploser les tympans du voisin.

Non il n'y a pas pire pollution que la pollution sonore. La catastrophe de l'Erika n'est rien à côté de l'état sonore d'une rue marocaine. Pire qu'un concert de musique contemporaine façon Boulez sous extasie. Pour s'en convaincre, il faut passer quelques jours au Maroc ailleurs que dans un hôtel de luxe ou un quartier chic.

La notion de tapage nocturne est inconnue au Maroc. Normal quand les gens font la fête, les voisins sont les premiers à être invités. Le jour de la fête, il n'y a plus de voisins chez eux, ils sont parmi les fêtards, donc personne pour protester. Malheur à celui qui n'aime pas la fête à la marocaine, du moins telle qu'elle se pratique actuellement, la sono est horrible, on ne distingue ni mélodie ni rythme ni la voix du chanteur, les hards rockers seraient ravis de faire un stage auprès des DJ marocains.


Au bout de deux semaines, il se rend compte qu'il est presque à sec, normal, il n'a pas arrêté d'arroser toute la famille, deux mois de salaire y sont passées. Le retour tant attendu se change alors en regrets. Décidément ce pays n'est plus le sien, il a du mal à le reconaître, les siens aussi ont changé, mis à part les anciens auprès desquels il réussit quand même à se ressourcer.

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